Si vous suivez les actualités de mon pays, Haïti, vous n’avez peut-être pas besoin que je vous raconte ce qui s’y passe. Mais peut-être que oui, vous en avez besoin, probablement. Car ce que je vis n’est souvent pas ce qui vous parvient via le net, la télé et les journaux.

Plus de 200 ans après son indépendance, ma terre n’est que dégringolades, dérives, tourments et misères de toutes sortes. Le pire est que, outre les excès de colère de la nature avec ses ouragans, ses épidémies et ses tremblements de terre, la plupart des tribulations que connaît mon pays sont concoctées pas ses propres enfants. Avides de pouvoir et de luxure, ceux qui ont eu la noble mission de conduire Haïti à bon port n’ont fait que la dépouiller.

Dans ce pays où chacun a l’air de parler sa propre langue et personne ne comprend personne, on se sent comme des bêtes au cœur d’une jungle. Pour chaque Haïtien ne faisant pas partie du petit clan de ceux qui ont accès à toutes les richesses du pays, Haïti est un transit, un purgatoire en attendant d’être admis au paradis qui est soit le Canada soit les Etats-Unis soit n’importe quel autre pays où le manger et le boire ne sont pas un luxe. Nous voulons tous, nous les 90 % de la population qui sont privés de tout, trouver une terre qui nous accueillerait et nous traiterait comme des êtres humains. Nous voulons tous fuir, partir nous réfugier ailleurs.

Moi, au milieu de la jungle, j’ai trouvé une tanière : ma plume. Elle m’aide à évacuer la frustration et le désespoir qui engorgent mes veines. Ma plume, c’est mon refuge. Elle m’aide à disparaître quand ça va trop mal dans les alentours. Son encre est de sang. Elle ne crache que des mots de douleurs.

Alors, cher/chère ami/e, si vous cherchez à voir les belles plages et les belles zones touristiques d’Haïti, vous ne les trouverez pas sur mon blog. En fait, je ne les connais pas. Les gens de ma classe ne les connaissent pas. Mais si vous cherchez à connaître la vie de ceux qui vivent en dessous de la survie, oui, mon blog est là pour ça.

Je me propose donc, à travers ce blog, de présenter des morceaux réalistes et fidèles de la vie quotidienne des milliers de mes compatriotes qui ne survivent que par la promesse d’un proverbe : tant de vie, tant d’espoir.

Bienvenue dans ma tanière !

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